Premièrement les péchés des pères sont punis chez les enfants en devenant leur propre péché. C’est vraiment crucial. Le texte clef à ce propos est le suivant : Exode 20.5. « Moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux. Je punis la faute des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me détestent. » Cet article d’Henri Blocher, qui provient d’une revue qui n’existe plus, m’a été envoyé par un ami lecteur. L’auteur m’a donné l’autorisation de le publier. Il me paraît sage, équilibré et… utile ! Je suis très heureux de pouvoir recopier un texte de ce cher théologien évangélique, même si ses prises de position en faveur de la prédestination inconditionnelle au salut diffèrent des convictions affichées dans ce blog . Blog qui refuse de s’enfermer dans un clan ! Pour être délivré de liens » spirituels, est-il nécessaire de confesser certains péchés de ses ancêtres ? La question s’enracine dans le ministère d’un pasteur mennonite bien connu de mon père M. Émile Kremer ; je me le rappelle clairement moi-même, fidèle participant des Conventions de Morges. La cure d’âmes au sein de familles rurales, constituant depuis longtemps une micro-société repliée sur elle-même, l’avait conduit à repérer à l’origine de problèmes sérieux, de blocages spirituels, des péchés dits d’abomination de trafic occulte plus ou moins lourd, même le simple recours à un guérisseur commis par un ancêtre, parfois à l’insu de la personne affectée. Émile Kremer avait été l’instrument de la libération de plusieurs, grâce à la confession des péchés-causes, à haute voix, devant le directeur spirituel – ces péchés pouvant être surnaturellement révélés au directeur, et par lui, si la personne n’en avait pas eu connaissance. E. Kremer a systématisé ce qu’il avait cru découvrir dans un petit livre, Les Yeux ouverts sur les ruses de Satan; des disciples, qui n’avaient pas sa modération, en ont fait leur ouvrage de référence. L’expérience est précieuse. Il est permis d’en tirer prudemment des leçons, même si l’Écriture ne dit rien de bien net sur le sujet. Mais si l’on prétend fonder sur elle une doctrine, la foi est en danger – l’Écriture est le seul fondement, posé une fois pour toutes. L’interprétation de l’expérience en elle-même un foisonnement qui déborde dépend fortement des idées préconçues sans même nous en apercevoir nous sélectionnons les éléments qui nous paraissent significatifs et nous les arrangeons selon nos schémas ; les mêmes faits présentent souvent des visages fort différents selon les observateurs. Et l’expérience elle-même se coule pour une bonne part dans le moule des attentes. On sait, par exemple, que les clients d’un psy » freudien font des rêves freudiens, et ceux d’un jungien des rêves jungiens… L’enseignement biblique est moins malléable, il résiste davantage aux pensées que nous apportons, pour les réformer seule l’Écriture légitime une doctrine, autorisant qu’on la propose à la foi des frères et sœurs. L’Écriture, sobrement étudiée en évitant l’illuminisme, ne soutient pas la systématisation proposée. Si le Seigneur visite » la faute des pères jusqu’à la troisième ou quatrième génération Exode il ne s’agit pas forcément d’un lien » mystérieux il s’agit de conséquences négatives, comme on voit déjà avec l’alcoolisme ou la syphilis contractée dans l’inconduite ; et cet effet est contrebalancé par une bénédiction jusqu’à mille générations deux cent cinquante fois plus ! Qui n’a pas eu, dans les mille générations qui l’ont précédé, un homme ou une femme de Dieu, que Dieu honore par les bienfaits accordés aux descendants ? Les prières de confession d’un Néhémie Né 9 ou d’un Daniel Dn 9 expriment la solidarité nationale, à travers l’histoire, en reconnaissance de la justice des châtiments collectifs ; il ne s’agit pas de péchés particuliers entraînant un handicap pour tel descendant. D’une confession libératrice de la dernière sorte, on ne voit pas d’exemple biblique. Quant aux différences entre péchés, le mot traduit abomination » en Deutéronome se trouve aussi en pour les poids truqués du commerçant ! Le message de la rédemption est celui d’une délivrance entière par la seule foi Colossiens sans qu’une autre procédure soit requise. La tradition évangélique n’a pas reçu la doctrine en cause. Certes, la tradition peut se tromper ! Mais elle représente la sagesse accumulée d’hommes et de femmes de Dieu, mise à l’épreuve de contextes variés. Quand une nouveauté s’en écarte, il est peu probable qu’elle ait raison ! Et l’expérience globale des chrétiens doit valoir face à celle d’un expert dans son créneau » je me rappelle un frère éminent, né en Afrique, qui me disait dans une société saturée de sorcellerie et d’influence démoniaque comme la société animiste-fétichiste, il serait impossible que les nouveaux croyants soient délivrés comme ils le sont si la confession particulière des péchés des ancêtres était nécessaire. L’expérience particulière d’E. Kremer et d’autres, cependant, ne peut être tenue pour rien. Quel commentaire peut-on risquer ? Elle rappelle, outre le danger des pratiques occultes, la vérité de la solidarité familiale. Si le dernier mot reste à la responsabilité individuelle Galates nous ne sommes pas de purs individus ; nous nous appartenons les uns aux autres d’abord quand nous sommes d’une même chair » cf. Genèse et cela touche le spirituel. D’autre part, notre homme intérieur » ne se réduit pas à la conscience, il a des profondeurs, que Dieu sonde Jérémie et des influences s’exercent d’inconscient à inconscient. La psychologie s’intéresse désormais à l’enquête généalogique, découvrant l’influence lourde de secrets de famille » sur des individus qui n’en avaient pas conscience. On peut donc imaginer que des péchés qui donnent prise aux puissances malignes fassent l’objet dans les familles d’une complaisance soit consciente, soit semi-consciente avec refoulement, soit même inconsciente, et que la pédagogie divine choisisse de faire remonter la faute à la lumière, et d’assainir la situation par une rupture explicite et solennelle. Dieu peut délivrer par la foi de conversion, mais il peut juger meilleur de susciter l’autre procédure. La consigne ? Ne pas prétendre tout expliquer. Ne pas refuser à la liberté de l’Esprit de montrer, à l’origine d’une difficulté étrange et pénible, un péché familial ; ne pas condamner celui que guide ainsi l’Esprit. Ne pas en faire une pratique systématique, car il est malsain de s’éloigner du modèle biblique. Ne pas trop se mêler de démêler les ruses de Satan prendre contre lui le bouclier de la foi, boucler le ceinturon de la vérité, et garder en main l’épée de l’Esprit, la Parole de Dieu. Publié le 2 Mai 2013 par Henri Blocher Compléments A peine cet article publié, voilà que je reçois le podcast ci-dessous du Bon Combat . Un hasard ? Que penser de la pratique de la délivrance » des liens ancestraux ? Du coup, j’ai trouvé aussi que Florent Varak avait traité le sujet. En tout cas voilà de quoi étoffer ce thème, à chacun de se faire une opinion et… de la communiquer sous forme de commentaire ? Pour ma part, j’ai aussi écouté Guillaume et lu Florent, et j’ai vraiment beaucoup apprécié ! 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Deuxième prédication de l’Avent - L’Esprit Saint et le charisme du discernement vendredi 9 décembre 2016 Poursuivons nos réflexions sur l’œuvre de l’Esprit Saint dans la vie du chrétien. Saint Paul mentionne un charisme particulier appelé discernement des esprits » 1 Cor 12, 10. A l’origine, cette expression a un sens bien précis elle indique le don qui permet de distinguer, parmi les paroles inspirées ou prophétiques prononcées durant une assemblée, celles qui viennent de l’Esprit du Christ et celles qui proviennent d’autres esprits, c’est-à-dire de l’esprit de l’homme, ou de l’esprit démoniaque, ou de l’esprit du monde. Pour l’évangéliste Jean aussi c’est celui-ci le sens fondamental. Le discernement consiste à examiner les esprits pour voir s’ils sont de Dieu » 1 Jn 4,1-6. Pour Paul le critère fondamental de discernement c’est de proclamer que Jésus est Seigneur » 1 Cor 12, 3; pour Jean c’est reconnaitre que Jésus est venu dans la chair », autrement dit l’incarnation. Déjà avec lui le discernement commence à être utilisé comme fonction théologique, comme critère pour discerner les vraies des fausses doctrines, l’orthodoxie de l’hérésie, ce qui deviendra central par la suite. 1. Le discernement dans la vie ecclésiale Il existe deux domaines dans lesquels ce don du discernement des esprits doit s’exercer le domaine ecclésial et le domaine personnel. Dans la vie de l’Eglise, le discernement des esprits passe par l’autorité du magistère, qui doit néanmoins tenir compte également, entre autres critères, du sens des fidèles, le sensus fidelium ». Je voudrais m’arrêter sur un point en particulier qui peut servir dans les discussions en acte dans l’Eglise par rapport à certains problèmes. Il s’agit du discernement des signes des temps. Le concile a déclaré L’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques » . Il est clair que si l’Eglise doit scruter les signes des temps à la lumière de l’Evangile, ce n’est pas pour appliquer aux temps », autrement dit aux situations et aux nouveaux problèmes qui émergent dans la société, les remèdes et les règles de toujours, mais pour leur apporter de nouvelles réponses, adaptées à chaque génération » comme dit le texte que je viens de citer. La difficulté, sur ce chemin – à prendre très au sérieux – c’est la peur de compromettre l’autorité du magistère, en admettant des changements dans ses décisions. Il y a une considération qui peut aider, je crois, à surmonter, dans un esprit de communion, cette difficulté. Le degré d’infaillibilité que l’Eglise et le Pape revendiquent n’est certainement pas supérieur à celui qui est attribué à l’Ecriture révélée. Or l’inerrance biblique garantit que l’Ecrivain sacré exprime la vérité d’une façon et à un degré qui reflète ce qui pouvait être dit et entendu au moment où il l’écrit. Nous voyons que tant de vérités se forment lentement et progressivement, comme celle de l’au-delà et de la vie éternelle. Dans le domaine moral aussi, tant de coutumes et lois antérieures sont par la suite abandonnées au bénéfice de lois et critères qui répondent davantage à l’esprit de l’Alliance. Un exemple parmi tous Dans le livre de l’Exode il est dit que Dieu punit la faute des pères sur les fils cf. Ex 34, 7, mais Jérémie et Ezéchiel diront le contraire, affirmant que Dieu ne punit pas les fautes des pères sur les fils, mais que chacun devra répondre de ses propres actions cf. Jr 31, 29-30; Ez 18, 1 ss.. Dans l’Ancien Testament le critère de base pour surmonter les prescriptions antérieures est celui d’une meilleure compréhension de l’esprit de l’Alliance et de la Torah; dans l’Eglise, le critère est celui d’une relecture de l’Evangile à la lumière des nouvelles questions qui se posent à elle. Scriptura cum legentibus crescit », disait saint Grégoire Le Grand l’Ecriture grandit avec ceux qui la lisent . Maintenant nous savons que la règle constante de Jésus, en matière de morale, se résume en quelques mots Non au péché, oui au pécheur ». Il n’y a pas plus sévère que lui pour condamner la richesse inique, mais il s’invite chez Zachée et le seul fait d’aller vers lui suffit à le changer. Il condamne l’adultère, y compris celui du cœur, mais pardonne à l’adultère et lui redonne espoir; il réaffirme l’indissolubilité du mariage, mais parle avec la Samaritaine qui avait eu cinq maris et lui révèle le secret qu’il n’avait dit à personne d’autre, de manière aussi explicite Je le suis le Messie moi qui te parle » Jn 4, 26. Si nous nous demandons comment se justifie théologiquement une distinction aussi nette entre le péché et le pécheur, la réponse est très simple le pécheur est une créature de Dieu, faite à son image, et il conserve sa dignité, malgré toutes les aberrations le péché n’est pas œuvre de Dieu, ne vient pas de Lui, mais de l’ennemi. C’est la meme raison pour laquelle Jésus Christ, s’est fait en tout semblable à nous, excepté le péché » cf. Hé 4,15. Pour honorer ce devoir de discernement sur les signes du temps, il est un facteur important la collégialité des évêques. Cette collégialité, dit un passage de Lumen gentium, permet de décider en commun de toutes les questions les plus importantes, par une décision que l’avis de l’ensemble permet d’équilibrer » . L’exercice effectif de la collégialité apporte au discernement et à la solution des problèmes la variété des situations locales et des points de vue, des lumières et des dons différents, dont chaque église et chaque évêque est porteur. Nous en avons une émouvante illustration dans le premier concile » de l’Eglise, celui de Jérusalem. Un large espace fut donné à deux points de vue contraires, l’un des judaïsants » et l’autre favorable à l’ouverture aux païens; il y eut une vive discussion », mais qui leur permit, à la fin, d’annoncer leurs décisions en prononçant cette formule extraordinaire Nous avons décidé l’Esprit Saint et nous… » Act 15, 6 ss.. On voit ici que l’Esprit guide l’Eglise de deux façons parfois directement et charismatiquement, par la révélation et l’inspiration prophétique; d’autres fois, collégialement, par une patiente et difficile confrontation, et même le compromis, entre les parties et les points de vue différents. Les propos de Pierre, le jour de la Pentecôte et chez Corneille sont très différents de ceux qu’il tiendra par la suite, pour justifier sa décision devant les anciens cf. Act 11, 4-18; 15, 14; le premier discours est de type charismatique, le second de type collégial. Il faut donc avoir confiance en l’Esprit, en ses capacités d’intervention pour aboutir à un accord, même s’il peut sembler parfois que tout le processus échappe à tout contrôle. A chaque fois que les pasteurs des Eglises chrétiennes, au niveau local ou universel, se réunissent pour un discernement ou pour prendre des décisions importantes, il devrait y avoir dans le cœur de chacun cette confiante certitude que résument les deux versets du Veni creator Ductore sic te praevio – vitemus omne noxium – avec toi comme notre guide – nous éviterons tout mal ». 2. le discernement dans la vie personnelle Passons maintenant au discernement dans la vie personnelle. Comme charisme appliqué à chaque individu, le discernement des esprits a subi au fil des siècles une évolution considérable. A l’origine, nous l’avons vu, le don devait servir à discerner les inspirations des autres, de ceux qui avaient parlé ou prophétisé dans l’assemblée; dans la suite, il a servi surtout à discerner ses propres inspirations. Cette évolution n’est pas arbitraire; il s’agit en effet du même don, quoique exercé en deux situations et sur deux objets differents. Une grande partie de ce que les auteurs spirituels ont écrit sur le don de conseil », s’applique aussi au charisme du discernement. Par le biais du don, ou du charisme, du conseil, l’Esprit Saint aide à évaluer les situations et orienter les choix, non seulement sur la base de critères de sagesse et prudence humaine, mais à la lumière aussi des principes surnaturels de la foi. Le premier discernement fondamental des esprits est celui qui permet de distinguer l’Esprit de Dieu » de l’esprit du monde » cf. 1 Cor 2, 12. Saint Paul donne un critère objectif de discernement, le même que celui de Jésus les fruits. Les actions de la chair » révèlent qu’un certain désir vient du vieil homme pécheur; les fruits de l’Esprit » révèlent qu’il vient de l’Esprit de Dieu cf. Gal 5, 19-22. Les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair » Gal 5, 17. Parfois ce critère objectif ne suffit pas parce que le choix n’est pas entre le bien et le mal, mais entre un bien et un autre bien, et il s’agit de voir ce que Dieu veut, dans une circonstance particulière. C’est surtout pour répondre à cette exigence que saint Ignace de Loyola développa sa doctrine sur le discernement. Il invite à regarder une chose en particulier ses propres dispositions intérieures, les intentions les esprits » qui sont derrière un certain choix. En faisant cela il s’inscrit dans une tradition déjà affirmée. Un auteur médiéval avait écrit Qui peut vérifier si les esprits viennent de Dieu, à moins d’avoir reçu de Dieu le discernement des esprits, et de pouvoir ainsi examiner avec précision et sans se tromper les pensées, les affections et les intentions de l’esprit ? Ce discernement est à la source de toutes les vertus et chacun en a besoin, soit pour conduire les autres, soit pour se diriger et s’amender soi-même…. Tel est le vrai discernement, en qui se rejoignent la droiture de la pensée et la pureté de l’intention. » . Saint Ignace a suggéré des moyens pratiques pour appliquer ces critères . L’un deux est celui-ci. Face à deux choix possibles, il faudrait s’arrêter d’abord sur l’un, comme si on était sûr de le choisir, se fixer dessus pendant un jour ou plus; puis vérifier les réactions du cœur face à ce choix s’il est paisible, si ce choix correspond aux autres choix déjà faits ; si une voix en vous vous encourage dans cette direction, ou au contraire, si un voile d’inquiétude l’entoure. Répéter le processus avec la seconde hypothèse. Le tout dans un climat de prière, d’abandon à la volonté de Dieu, d’ouverture à l’Esprit Saint. A la base du discernement, chez saint Ignace, nous avons sa doctrine de la sainte indifférence ». Celle-ci consiste à se mettre dans un état de totale disponibilité à accueillir la volonté de Dieu, renonçant, dès le départ, à toute préférence personnelle, comme une balance prête à s’incliner du côté où le poids sera plus fort. L’expérience de la paix intérieure devient ainsi le critère principal dans tout discernement. Sera considéré conforme à la volonté de Dieu, le choix qui, après mûre réflexion et prière, laissera plus de paix dans le cœur. Au fond, il s’agit d’appliquer le vieux conseil que donna le beau-père Jéthro à Moïse présenter les questions à Dieu » et attendre en priant sa réponse cf. Ex 18, 19. Dans tous les cas, une bonne disposition de fond à faire la volonté de Dieu, est la condition la plus favorable pour un bon discernement. Jésus disait Mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé » Jn 5, 30. Le danger aujourd’hui c’est que certaines manières de comprendre et pratiquer le discernement accentuent tellement les aspects psychologiques, qu’elles finissent par oublier que l’Esprit Saint est, dans tout discernement, le premier agent. L’évangéliste Jean voit, comme facteur décisif dans le discernement, l’onction qui vient de celui qui est saint », c’est-à-dire de l’Esprit 1 Jn 2,20. Saint Ignace aussi rappelle que dans certains cas, seule l’onction de l’Esprit Saint permet de discerner ce qu’il faut faire . Il y a une profonde raison théologique à cela. L’Esprit Saint est lui-même la volonté substantielle de Dieu et quand il entre dans une âme il se manifeste comme la volonté même de Dieu pour celui dans lequel il se trouve» . Le discernement n’est, dans le fond, ni un art, ni une technique, mais un charisme, c’est-à-dire un don de l’Esprit! Les aspects psychologiques ont une grande importance, mais ils sont secondaires », autrement dit ils viennent après. Un des anciens Père écrivait Il n’appartient qu’au Saint-Esprit de purifier notre esprit. Il faut donc par tous les moyens, et surtout par la paix de l’âme, laisser se reposer le Saint-Esprit afin que nous ayons la lampe de la science toujours brillante en nous. Car si elle ne cesse pas d’envoyer les rayons de sa lumière dans la profondeur intime de notre âme, non seulement toutes les attaques hostiles et ténébreuses des démons se découvrent à notre esprit, mais encore elles perdent beaucoup de leur force à être débusquées par cette lumière sainte et glorieuse. Et c’est pourquoi l’Apôtre dit N’éteignez pas l’Esprit 1 Ts 5,19 » . L’Esprit Saint, généralement, ne diffuse pas de lumière dans l’âme de façon miraculeuse et extraordinaire, mais très simplement, à travers la parole des Ecritures. C’est comme ça qu’ont eu lieu les discernements les plus importants de l’histoire. En écoutant la parole de l’évangile Si tu veux être parfait… », Antoine comprit ce qu’il devait faire et le monachisme commença. De cette même manière, François d’Assise reçut une lumière pour commencer son mouvement de retour à l’évangile. Après que le Seigneur m’eut donné des frères – écrit-il dans son Testament – personne ne me montrait ce que je devais faire, mais le Très-Haut Lui-même me révéla que je devais vivre selon la forme du saint Evangile ». Il le lui révéla en écoutant, durant une Messe, le passage de l’évangile où Jésus dit aux disciples d’aller par le monde sans rien prendre pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni tunique de rechange » cf. Lc 9,3 . Je me souviens moi-même d’un petit épisode du même genre. Un homme vint chez moi durant une mission, pour me parler d’un problème. Il avait un fils de 11 ans pas encore baptisé. Si je le baptise, disait-il, cela fera un drame dans la famille, car ma femme est devenue membre d’une secte et ne veut pas entendre parler de baptême à l’Eglise; si je ne le baptise pas, je n’ai pas la conscience tranquille, car quand nous nous sommes mariés nous étions tous les deux catholiques et avions promis de baptiser nos enfants ». Un cas typique de discernement. Je lui dit de revenir le lendemain, pour me donner le temps de prier et réfléchir. Le lendemain, il vint à ma rencontre le visage rayonnant, et me dit J’ai trouvé la solution, père. J’ai lu dans ma Bible l’épisode d’Abraham et j’ai vu que lorsqu’il amène son fils Isaac pour l’immoler, il ne dit rien à sa femme! ». La parole de Dieu l’avait éclairé mieux que n’importe quel conseil humain. Moi-même je baptisa le garçon et ce fut une grande joie pour tout le monde. A côté de l’écoute de la Parole, nous avons l’examen de conscience, qui est la pratique la plus commune pour exercer le discernement au niveau personnel. Mais cet examen ne devrait pas se limiter à une préparation à la confession, mais devenir une capacité constante de se mettre sous la lumière de Dieu et se laisser scruter » par Lui au plus profond de notre sphère intime. A cause d’un examen de conscience non pratiqué ou pas bien fait, la grâce de la confession devient problématique soit on ne sait pas quoi confesser, soit elle est trop chargée d’un poids psychologique et pédagogique, c’est-à-dire tournée uniquement vers une amélioration de la vie. Un examen de conscience qui ne se réduit qu’à la préparation d’une confession permet de déterminer quelques péchés, mais n’amène pas à une relation authentique, à un vrai face-à-face avec le Christ. Cela devient facilement une liste d’imperfections, confessées pour se sentir mieux, sans cette attitude de vrai repentir qui fait expérimenter la joie d’avoir en Jésus un si grand rédempteur ». 3. Se laisser guider par l’Esprit Saint Le résultat concret de cette méditation est de renouveler la décision de nous abandonner en tout et pour tout à la conduite intérieure de l’Esprit Saint, comme pour une sorte de direction spirituelle ». A’ propos des israélites dans le désert, il est écrit, que si la nuée ne s’élevait pas, ils campaient jusqu’au jour où elle s’élevait » Ex 40, 36-37. Nous non plus, nous ne devons rien entreprendre, si ce n’est poussé par l’Esprit Saint, dont la nuée, selon les Pères, était l’image , et après l’avoir consulté avant toute action. Nous en avons un exemple particulièrement clair dans la vie de Jésus. Celui-ci n’a jamais rien entrepris sans l’Esprit Saint. Avec l’Esprit Saint il est allé dans le désert ; poussé par la puissance de l’Esprit Saint il en est reparti et a commencé sa prédication; sous l’action de l’Esprit Saint » il a choisi ses apôtres cf. Act 1,2; poussé par l’Esprit il a prié et s’est offert lui-même au Père cf. Hé 9, 14. Nous devons nous garder d’une tentation celle de vouloir donner des conseils à l’Esprit Saint, au lieu de les recevoir. Qui a mesuré l’Esprit du Seigneur ? Qui l’a conseillé pour l’instruire ? » Is 40,13. L’Esprit Saint dirige tout le monde, et n’est dirigé par personne; il guide, n’est pas guidé. Il y a une façon subtile de suggérer à l’Esprit Saint ce qu’il devrait faire avec nous et comment il devrait nous guider. Il arrive même parfois que nous prenions des décisions et les attribuions avec désinvolture à l’Esprit Saint. Saint Thomas d’Aquin parle de cette conduction intérieure de l’Esprit comme d’un instinct propre aux justes » De même que dans la vie corporelle, écrit-il, le corps n’est mû que par l’âme qui le vivifie, dans la vie spirituelle, chacun de nos mouvements devrait provenir de l’Esprit Saint » . C’est ainsi qu’agit la loi de l’Esprit »; c’est ce que l’Apôtre appelle se laisser animer par l’Esprit » Gal 5,18. Nous devons nous abandonner à l’Esprit Saint comme les cordes de la harpe s’abandonnent aux doigts de celui qui les bougent. Comme de bons acteurs, nous devons tendre l’oreille à la voix du souffleur caché, pour réciter fidèlement notre rôle sur la scène de la vie. C’est plus facile qu’on ne le pense, car notre souffleur parle en nous, nous enseigne toute chose, nous instruit sur tout. Il suffit parfois d’un simple coup d’œil intérieur, d’un mouvement du cœur, d’une prière. Un saint évêque du IIème siècle, Méliton de Sardes, a reçu une belle éloge que j’aimerais bien que chacun de nous reçoive après la mort Au cours de sa vie il a fait toute chose, mû par l’Esprit Saint » . Demandons au Paraclet de diriger nos esprits et toute notre vie, avec les paroles d’une prière que l’on récite à l’office de la Pentecôte dans les Eglises de rite syriaque Esprit qui distribues à chacun des charismes; Esprit de sagesse et de science, qui aimes les hommes; Emplis les Prophètes, parfais les Apôtres, Fortifie les martyrs, inspire l’enseignement des docteurs! C’est à toi, Dieu Paraclet, que nous adressons ces supplications. Nous te demandons de nous renouveler de tes saints dons, De reposer sur nous comme sur les Apôtres au cénacle. Répands sur nous tes charismes, Remplis-nous de la sagesse de ta doctrine, Fais de nous les temples de ta gloire, Enivre-nous du breuvage de ta grâce. Donne-nous de vivre pour Toi, De Te donner notre consentement Et de T’adorer, Toi le Pur et le Saint, Dieu, Esprit Paraclet » . Traduction de Zenit et spes, 4. Grégoire Le Grand, Homélies sur Ezéchiel 8. gentium, 22. de Forde, Archevêque de Canterbury, Traités, 6 PL 204, 466. St. Ignace de Loyola, Exercices spirituels, quatrième semaine ed. BAC, Madrid 1963, pp. 262 ss. G. Bottereau, Indifférence, dans Dictionnaire de Spiritualité , vol 7, coll. 1688 ss » Ignace de Loyola, Constitutions, 141. 414 ed. cit, pp. Guillaume de St. Thierry, Le miroir de la foi, 61 SCh 301, p. 128. de Photicé, Cent chapitres, 28 SCh 5, pp. 87 ss.. de Celano, Vita prima, 22 FF, 356. Ambroise, Sur l’Esprit Saint, III, 4, 21; Sur les sacrements, I, 6, 22. Thomas d’Aquin, Sur la Lettre aux Galates, lez. 7, n. 340. de Césarée, Histoire ecclésiastique, V, 24, 5. Syrorum, in Siman, L’expérience de l’Esprit, ci
etd’esprits infidèles à Dieu. 9 Les fils d’Éphra car il punit la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération.” 19 Selon la grandeur de ton amour, pardonne donc la faute de ce peuple, comme tu as porté ce peuple d’Égypte jusqu’ici ! » 20 Alors le Seigneur dit : « Je pardonne selon ta parole. 21 Mais, aussi vrai que je suis vivant
Le rôle d'un prêtre étant, entre autres, de pousser à la réflexion théologique, nous avons la chance d'avoir, à Lyon, le père Nicolas Kakavelakis, qui est devenu expert en ce domaine. Le 15 juin dernier, nous recevions la communauté syrienne, qui accueillait dans notre église son évêque, Monseigneur Igniatios EL HOUCHI. Après qu'il eut appelé la police pour venir chasser de l'église une personne qui filmait l'office, le père Nicolas dit à la communauté syrienne présente Dieu punit les fautes des parents sur les enfants ! Même s'il ne nous a pas habitués à beaucoup de discernement, dire cela à des Syriens, qui perdent leurs enfants tous les jours dans une guerre qui n'en finit pas, relevait non seulement d'un mauvais goût certain, mais également d'un manque de sens théologique profond. Ce sujet étant d'une grande importance et d'une grande sensibilité, je reviendrai dessus au travers de plusieurs messages. J'essaierai d'évoquer des épisodes tragiques que nous avons connus, et d'autres plus heureux, afin de replacer dans son contexte ce genre d'inepties propres aux manipulateurs. Car tout le monde aura bien compris que si Dieu punissait les enfants de ceux qui prennent des vidéos sans l'accord écrit d'un prêtre, il n'y aurait plus beaucoup d'enfants sur la planète. Le message d'aujourd'hui reviendra sur les aspects bibliques d'une telle déclaration. L'Ancien Testament accréditerait, dans l'esprit d'un homme peu instruit, l'idée que Dieu frappe les enfants dans son courroux. C'est ainsi que la mort des premiers-nés d’Égypte, lorsque Pharaon ne voulut pas libérer le peuple d'Israël, fut la dixième plaie divine qui s'abattit sur l’Égypte Ex. 12, 29. Ou encore les enfants de Job qui moururent tous après que leur maison se fut écroulée sur eux Jb 1, 18-19 - bien qu'ici il ne s'agisse pas de Dieu qui punit, mais du diable qui demande à Dieu l'autorisation d'éprouver Job Jb 1, 12. Nous voyons donc que, dans les textes les plus anciens, la mort poursuivait un but mystérieux ancré dans le dessein divin, sans qu'il soit possible à l'homme d'en comprendre les mystères. De nos jours encore, nous avons facilement tendance à voir comme une malédiction divine la perte d'êtres chers qui touche des hommes politiques ou des militaires ayant beaucoup de sang sur les mains. Parmi des exemples fort nombreux, je retiendrai - Hafez el Assad qui a perdu son fils ainé, Bassel, dans un accident de voiture ; - Saddam Hussein qui a perdu son fils ainé, Oudaï, atteint de plusieurs balles alors qu'il conduisait sa Porsche ; - Pierre Gemayel qui a perdu son fils cadet, Béchir, assassiné neuf jours avant son entrée en fonction comme président du Liban ; - Béchir Gemayel qui vit lui-même la voiture qui conduisait sa fille de 4 ans, Maya, exploser devant ses yeux alors qu'elle lui faisait un coucou de la main ; - Amine Gemayel qui a perdu son fils, Pierre, assassiné, etc. Le cinéma a repris cette conception populaire dans le magistral film de Coppola Le Parrain. La trilogie se termine sur cet homme qui a semé la désolation durant sa vie, seul, le cœur brulé par le chagrin, hanté par les souvenirs des êtres chers qui lui ont été enlevés. Mais s'il fallait considérer ces morts comme une règle inéluctable à laquelle les meurtriers ne pourraient se soustraire, il faudrait alors se demander pourquoi Georges Bush n'a jamais été frappé dans sa descendance, tout comme une myriade d'autres criminels. Bien souvent, les hommes n'ont pas besoin de Dieu, ni même du diable, pour définir leurs actions et les mettre en pratique. Voir la conséquence d'une main divine sur des choses qui, non seulement n'ont rien de divin, mais souvent même n'ont rien d'humain non plus, est une position accommodante intellectuellement, mais totalement éloignée de la réalité. Car que faudrait-il alors penser des Saints Innocents, ces enfants en bas âge qu'Hérode fit exterminer pour se débarrasser du Messie dont les mages lui avaient annoncé la naissance Matth. 2, 16-17 ? De quelle faute se faisaient-ils les victimes expiatoires ? C'est pour ne pas assimiler Dieu aux malheurs qui arrivent trop souvent en son nom, lorsqu'ils ne lui sont pas directement attribués, que le Christ a dit Il est impossible qu'il n'arrive pas des scandales, mais malheur à celui par qui ils arrivent Lc. 17, 1 ! Lorsque le Christ rencontre l'aveugle de naissance, ses apôtres lui demandent si c'est lui ou ses parents qui ont péché pour qu'il soit né ainsi Jn 9, 1-41. Cette question des disciples est un exemple d'une conception très répandue à l'époque l'infirmité était vécue comme une malédiction, tout comme la prospérité un signe de bénédiction. Pour voir si un homme était aimé de Dieu, il suffisait donc de regarder s'il avait réussi dans la vie. Vision que les protestants ont largement reprise, notamment aux États-Unis, bien qu'elle soit largement contredite par de nombreux passages de l’Évangile. Tout d'abord lorsque le Christ est tenté par le diable, dans le désert, ce dernier lui montra en un instant tous les royaumes de la terre, et lui dit Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes ; car elle m'a été donnée, et je la donne à qui je veux Lc 4, 6. Le Christ ne contestera pas cela et dira même à Pilate, dans les derniers moments de sa vie terrestre Mon royaume n'est pas de ce monde Jn 18, 36. Le Christ revient également sur la richesse, fardeau qui dessèche le cœur, dans la parabole du mauvais riche et du juste Lazare Lc 16, 19-31. Là, il inverse complètement l'échelle des repères de l'époque pour montrer que la richesse, non seulement n'est pas un signe de bénédiction divine, mais qu'elle peut être l'instrument dont se servent les forces démoniaques pour tromper les hommes. Inversion des repères qui aboutira à sa souffrance et à sa mort sur la croix, lui qui a le pouvoir de vie sur toute chose. La souffrance et la mort n'étant plus des signes de malédiction, mais des marques ultimes de l'amour que l'homme est capable de donner, suivant cette parole Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime Jn 15, 13. Pour revenir à la parabole de l'aveugle-né, la question des apôtres demandant si c'est lui ou ses parents qui ont péché, reste mystérieuse. Car, pour qu'il ait péché, alors qu'il est né aveugle, cela signifierait que son âme préexistait à son incarnation. Théorie reprise par Origène, mais que ses disciples rejetèrent, comme Grégoire de Nysse. Il est également possible de considérer que la réincarnation, idée véhiculée par les métissages orientaux dans le bassin méditerranéen, était largement admise à l'époque. Quoi qu'il en soit, le Christ affirme alors que ni lui ni ses parents n'ont péché, mais tout cela arrive pour que soit manifestée la gloire de Dieu. Puis il guérit cet aveugle. La vérité est que bien fou serait celui qui voudrait expliquer la sagesse de Dieu, et encore plus fou celui qui voudrait s'y au plus sera-t-il susceptible d'entendre à son tour Toutes ces choses m'ont été données, et je les donne à qui je veux. Il n'y a donc pas besoin d’être grand clerc pour comprendre qu'il est extrêmement réducteur, voir simpliste, de considérer le malheur d'un enfant comme étant le fruit d'une faute. Le père Nicolas le saurait s'il avait suivi des cours de théologie. Mais comme il est écrit Bienheureux les pauvres en esprit Matth. 5, 3, nous ne saurions lui en porter rigueur.
Cependant lorsque Jésus habitait sur terre, sa gloire était cachée, sauf lors de la transfiguration ( Matthieu 17:1-13, Marc 9:2-13 ). Bien que les gens ne puissent toujours pas voir Dieu le Père, nous le « connaissons » maintenant parce que Jésus nous l’a révélé. « Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu et qu’il nous a
Page 47 Lundi, 1. février 2010 154 13 ThEv vol. 1 , n° 3, 2002 p. 47-50 Émile Nicole La faute des pères Le second commandement du Décalogue qui interdit le culte des images est assorti d’une menace impressionnante où le Seigneur se présente comme le Dieu jaloux visitant » la faute des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui le haïssent Ex et Dt La menace est cependant immédiatement suivie d’une promesse, plus impressionnante encore, qui étend jusqu’à mille générations la bonté du Seigneur pour ceux qui l’aiment et lui obéissent, un simple calcul 1 000 x 25 ans = 25 000 ans montre à quel point la durée dépasse la mémoire humaine ! Cette déclaration contrastée réapparaît deux fois dans le Pentateuque. Elle accompagne la révélation exceptionnelle accordée à Moïse qui demandait à voir la gloire de Dieu Ex Quelque temps plus tard, Moïse en use pour implorer le pardon de Dieu en faveur de son peuple à un moment crucial découragé par le rapport des espions, le peuple refusait d’entreprendre la conquête du pays de Canaan Nb Dans les deux cas la partie positive s’enrichit de la compassion du Seigneur et de son pardon alors que le Décalogue évoquait seulement sa bienveillance ou sa fidélité. On remarquera aussi que l’ordre est inversé, le pardon et la bienveillance venant en tête et la sévérité en contrepoint mais qui ne tient pas le coupable pour innocent... » Les deux faces indissociables de la formule menace et promesse, comme aussi son double usage comme avertissement renforçant un commandement Décalogue ou comme fondement d’une demande de pardon, préviennent que ce serait abuser de l’Ecriture de ne retenir qu’un aspect au détriment de l’autre ou d’utiliser une des faces pour nier l’autre l’avertissement n’est pas sans la promesse, ni la promesse sans l’avertissement. La disproportion entre les 3 ou 4 générations de la sanction à cette échelle on peut encore compter et suivre une généalogie et les 1 000 générations de la bienveillance et de la grâce qui défient tout contrôle, sans annuler la sévérité, LA BIBLE AU SCANNER 47Page 2 and 3 Page 48 Lundi, 1. févriPage 4 Page 50 Lundi, 1. févri

Unexemple parmi tous: Dans le livre de l’Exode il est dit que Dieu punit la faute des pères sur les fils (cf. Ex 34, 7), mais Jérémie et Ezéchiel diront le contraire, affirmant que Dieu ne punit pas les fautes des pères sur les fils, mais que chacun devra répondre de ses propres actions (cf. Jr 31, 29-30; Ez 18, 1 ss.). Dans l’Ancien Testament le critère de base pour surmonter les

"Car moi, l’Éternel ton Dieu, je suis un Dieu jaloux qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent". Exode "Pourquoi dites-vous ce proverbe dans le pays d'Israël les pères ont mangé des raisins verts et les dents des enfants en ont été agacées ?" Ezechiel 18 2. Ce passage du livre de l'Exode a été, et est encore sujet à polémique. Dieu peut-Il, et veut-Il punir l'iniquité des pères sur leurs propres enfants ? Les enfants doivent-ils subir la colère de Dieu pour des péchés dont ils ne sont pas responsables ? Faut-il parler d'atavisme ou d'un quelconque héritage générationnel ? Le sujet est sensible. Les défenseurs du "pour" argumenteront en soutenant que l'autorité de l'Ecriture ne peut être mise en défaut. Les défenseurs du "contre", eux, tout en reconnaissant l'autorité plénière des Écritures, refusent cet aspect arbitraire d'une justice qui punirait l’innocent pour le coupable. D'autres encore ne verront dans ce texte qu'un aspect purement légal d'une loi de toute façon obsolète, dépassée, et remplacée par le régime de la Grâce. Mais finalement, sur quoi toutes ces argumentations sont-elles fondées ? "Mais sur la Bible", me répondrez-vous. "C'est ce que la Bible dit", allez-vous me rétorquer. Vraiment ? Question de traduction Le texte dont je me suis servi pour introduire cet article est tiré de la version Segond. Plusieurs autres versions le traduise de façon identique. Mais ce texte que nous avons sous les yeux est une... traduction ! Et comme le dit le vieil adage "traduire c'est trahir". La Bible que nous avons entre les mains est le fruit d'un travail remarquable, long et fastidieux, auquel se sont attelés des hommes désireux de rendre le texte original accessible au plus grand nombre. Car nous ne sommes pas sans ignorer que les auteurs bibliques n'on pas rédigé leurs écrits en français mais bien en hébreu pour l'Ancien Testament, en grec pour ce qui est du Nouveau* et même, pour une part, en araméen quelques portions des livres d'Esdras et de Daniel. Mais bien que les traducteurs aient pris le plus grand soin tout au moins faut-il le souhaiter pour rendre le texte le plus fidèlement possible, ils furent souvent confronté à des choix cornéliens lorsqu'il s'agissait de choisir un mot plutôt qu'un autre pour rendre au mieux le sens d'une expression ou d'une idée. Tous les traducteurs vous diront combien cela peut parfois être difficile. Mais un traducteur, fut-ce un traducteur de la Bible, a aussi ses propres convictions sur des sujets qui, peut-être, déjà de son temps, divisaient les uns et les autres par des opinions opposées. Et peut-être que, justement, ce texte de l'Ecriture nous en donne un exemple. Car finalement, le sujet du désaccord trouve principalement son origine sur le fait que Dieu puisse ou non "punir" les péchés des pères sur les enfants. Certes, la question est de taille et il est compréhensible qu'une telle question puisse diviser. Mais est-ce vraiment ce que l'auteur du texte original ici Moïse, en l’occurrence, a voulu dire ? Prenons une autre version. La version Darby, par exemple, qui traduit "je suis un Dieu jaloux qui visite l'iniquité des pères sur les fils". Cela veut dire tout à fait autre chose, et celle-ci est reconnue pour être une version très littérale dont le sens est proche du texte original. La version King James donne "... visiting iniquity of the fathers". De même, la qualité de la version anglophone n'est plus à démontrer. Ces deux versions font autorité. C'est donc là encore une occasion de se mettre à la recherche des "trésors cachés dans le sable". Le bon mot Il est écrit "anoki Adonaï eloheka el qana poqed avon", ce que la version Second traduit par "Je suis un Dieu jaloux qui punit le péché". Et c'est ici que se pose le problème de rendre au plus juste le mot "paqad", que la version Second traduit par "punir". Un mot qui peut également, et de façon tout aussi juste, être traduit par "tenir compte, prendre en considération", ce qui donne un tout autre sens au texte. Dieu ne "punissant" plus le péché des pères sur les enfants mais qui, au contraire, prendrait en considération ce péché des pères afin de rendre une sentence plus juste et plus équitable sur celui des enfants. Ce que, juridiquement, nous appellerions aujourd'hui "des circonstances atténuantes". Ainsi, Dieu tiendrait compte du fait que les pères ont péché et ont transmis, à leur progéniture, des pratiques idolâtres puisque c'est de cela qu'il s'agit principalement dans ce texte. La présence d'idolâtrie au milieu du peuple explique le fait que Dieu se présente à lui comme un "Dieu jaloux" l'idolâtrie étant considéré par l'Ecriture comme un "adultère spirituel". L'idolâtrie ayant été pratiquée par les pères, celle-ci aurait été enseignée aux enfants. Aux enfants ? Mais est-ce bien de cela qu'il s'agit ? De quoi, ou de qui, parle-t-on exactement ? Pour le savoir il nous faut revenir au texte original. "Anoki Adonaï eloheka el qana poqed avon abot al banim". "Je suis un Dieu jaloux qui punit ou qui tient compte, qui prend en considération le péché des pères sur les fils". Car le mot "banim" se traduit par fils. Les filles seraient-elles moins enclines à l'idolâtrie que les garçons ? Ou bien le texte biblique serait-il à ce point misogyne qu'il ne tiendrait pas compte de la gent féminine ? Rien de tout cela. Mais la société hébraïque de cette époque, comme la majorité des populations orientales, est principalement patriarcale et donc l'autorité est maintenue par la gent masculine. Si l'autorité lui est attribuée, il lui faut donc assurer son corollaire qu'est la responsabilité de ses choix et de ses actes. Mais ce n'est qu'un des aspects de ce que signifie cette expression. Le texte de l'Ecriture reste et demeure une source inépuisable. On peut toujours chercher, creuser, et découvrir une compréhension nouvelle, un sens plus juste d'un mot, d'une phrase, d'une expression. On pourrait également s'interroger sur le sens de ces mots "jusqu'à la troisième et la quatrième génération". Ce sujet mérite qu'on s'y attarde. Jusqu'à la troisième et la quatrième génération Alors, Dieu punit-il le péché jusqu'à la troisième et la quatrième génération ? La question est de taille, et elle fait débat. Pour tenter d'y répondre, on ne peut se baser sur une opinion personnelle. Elle serait trop subjective. Il nous faut, au contraire nous fonder sur les éléments que l'Ecriture met à notre disposition. Il y a donc une action de Dieu qui s'étale sur une durée de temps relativement définie. Mais quelle est cette action ? Est-elle au bénéfice ou au détriment de ces "générations" ? Est-ce simplement une action punitive qui n'a pour seul but que de satisfaire la colère de Dieu et sa justice ? Ou, à l'inverse, cette action a-t-elle un but pédagogique, en vue de restaurer et d'instruire pour ramener le pécheur dans la voie droite ? La gravité de la sentence doit-elle s'étaler sur plusieurs générations pour satisfaire le courroux divin ou est-ce la Grâce de Dieu qui agit sur le long terme pour restaurer et contrer une iniquité devenue générationnelle ? Il n'est pas aisé de répondre à ces questions. En réalité, ces principes s'appliquent en fonction de l'iniquité que cette action divine cherche à endiguer. Pour répondre à ces questions, il nous faut également considérer attentivement la signification du mot "paqad" punir, châtier, tenir compte, prendre en considération. Car c'est ce mot qui définit l'action de Dieu. Et c'est justement l'une des définitions de ce mot qui a donné lieu à cette polémique. Dieu punit-il le péché sur plusieurs générations ? Le prophète Jérémie le prophète de la compassion est l'auteur biblique qui fait le plus mention du mot "paqad" dans le sens de "punir, châtier", mais dans l'Ecriture, ce n'est pas une généralité. Sons sens le plus courant est celui de "dénombrement" principalement dans le livre des Nombres. Un autre sens courant est celui de "responsabilité envers autrui" comme par exemple, un chef à l'égard de ses soldats ou de ses subordonnés. Ce qui introduit la notion de "responsabilité" non seulement de nos propres actes, mais également de ceux qui sont sous notre autorité. Ce peut être un membre de la famille, une personne dépendante dont on se sent responsable. Cela implique également l'ascendance que l'on va exercer sur autrui. La façon dont Dieu "prendra en considération" paqad le péché d'autrui pourrait également dépendre de l'influence que nous avons exercé sur elle par exemple les enfants ou les petits-enfants. Le "jugement" paqad exercé sera alors en fonction de l'influence subie. Nombres 14 18 parle de l'idolâtrie, mais cela peut concerner une autre forme d'iniquité. "Paqad" peut, dans certains cas, prendre le sens de "se souvenir". Dieu dit "je me souviens paqad de ce que Amalek l'ennemi juré d'Israël fit à Israël" 1 Samuel 15 2. Dans ce cas-ci, Dieu prend en compte le mal qui a été fait à Israël par son ennemi l'ennemi de tous temps. Dans son jugement, Dieu tiendra donc en compte le mal qui a été fait à Israël. Cet élément est "ajouté au dossier". Le juste jugement de Dieu s'exerce en tenant compte de tous les paramètres et aucun n'est oublié. Aucun détail n'est laissé au hasard. Tout est pris en compte, en positif comme en négatif. Lorsque le jugement s'exerce, la faute est rappelée. A l'inverse, la repentance va influer positivement sur la gravité de la sentence. Ezechiel dira "tu t'es souvenue paqad des crimes de ta jeunesse" Ezechiel 23 21. Dans un tribunal, le fait de reconnaître un crime peut permettre à l'accusé de bénéficier d'une atténuation de la sera de même tenu compte d'éventuelles circonstances atténuantes. La notion de "générations" peut être également envisagée de deux façons. La première est de considérer que la progéniture d'un couple représente une génération. Les enfants de ceux-ci formeront la deuxième génération, et ainsi de suite. Ce sont des "générations individuelles". La deuxième façon de concevoir le mot "générations", est de prendre en considération tous ceux qui étaient en vie à une époque donnée. Ce qui peut inclure le père fondateur de la famille, ses enfants, ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants. On peut mieux en appréhender le sens en lisant ce qui est dit de la postérité de Joseph "Joseph vit les fils d'Ephraïm son propre fils jusqu'à la troisième génération, et les fils de Makir, fils de Manassé, naquirent sur ses genoux" Genèse 50 23. Joseph pu ainsi transmettre sa bénédiction à ses arrière-petits-enfants. Les raisins verts Un autre aspect du mot "paqad" est justement "l'absence" de quelqu'un. "On remarquera ton absence paqad car ta chaise sera vide paqad 1 Samuel 20 18. L'absence d'un père ou d'une mère peut avoir des conséquences dramatiques dans la vie d'un enfant. Cette absence "paqad" peut fortement influencer la construction de sa personnalité. Cela peut également avoir des incidences sur l'éducation que cette personne, devenue adulte, répercutera sur ses propres enfants. Mais le "paqad" peut également s'exercer du parent sur l'enfant. Un éducation trop rigide, trop stricte, ou à l'inverse, trop permissive, aura des répercussions sur l'avenir et la façon dont l'enfant construira ses propres valeurs. J'en reviens ici au deuxième passage de l'Ecriture cité en introduction de cet article. "Pourquoi dites-vous ce proverbe dans le pays d'Israël les pères ont mangé des raisins verts et les dents des enfants en ont été agacées ?" Ezechiel 18 2. La forme interrogative de cette phrase laisse entendre que Dieu n'adhère pas à cette maxime. Effectivement, le prophète Jérémie, dont j'ai parlé plus haut, dit En ces jours-là, on ne dira plus les pères ont mangé des raisins verts et les dents des enfants ont été agacées. Mais chacun mourra pour sa propre iniquité, tout homme qui mangera des raisins verts, ses dents en seront agacées" Jérémie 31 29, 30. Le texte de Jérémie éclaire celui d'Ezechiel. L'homme porte la responsabilité de son propre péché, par contre, celui-ci peut influencer, entraîner dans sa suite d'autres personnes par l'influence ou l'autorité qu'il exerce. Un désastre peut survenir sur une région, sur une nation par le simple fait d'une erreur commise, ou par un acte délibéré commis par un seul homme. La mauvaise gestion de l'économie d'un pays peut provoquer un appauvrissement de la population. Appauvrissement dont sera également victime la génération suivante. Le texte d'Exode 20 fait mention spécifiquement de l'idolâtrie, et celle-ci a effectivement des conséquences spirituelles sur l'état général d'une nation. Lorsque Dieu se révèle à Moïse à Horeb, il se présente à lui comme suit "l'Eternel, l'Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère et riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu'à mille générations, qui pardonne l'iniquité, la rébellion, le péché, mais qui ne tient pas le coupable pour innocent, qui punit l'iniquité des pères sur les enfants des enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération" Exode 34 6, 7. Un tel Dieu pourrait-il manifester une quelconque injustice ou tout autre forme de "rancune générationnelle" ? Certainement pas ! Alors, d'où peut bien venir ce principe ? Pour Maïmonide, grand rabbin du douzième siècle, le péché d'un homme ne pouvant être expié en une vie, celui-ci serait alors graduellement réparti sur les générations suivantes. Un seul a pourtant payé pour les péchés de plusieurs. Par contre, des hommes ont prié pour implorer le pardon de Dieu pour les péchés de leurs pères, conscients que ceux-ci l'avaient offensé. Néhémie prie en confessant les péchés de son peuple ainsi que ceux de "la maison de son père" Néhémie 1 6, 7. Daniel, de même, s'identifiera à son peuple et à ceux qui l'ont précédé et qui ont péché contre Dieu Daniel 9 4 à 20. Il confessera les iniquités de ses pères verset 16. Le châtiment est tombé sur le Fils Je terminerai sur les derniers mots de ce verset 5 du chapitre 20 "jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent". De qui Dieu parle-t-Il ? De ceux-là même qui, non contents de pratiquer l'idolâtrie, la transmettent à leurs fils. Pourtant, ce Dieu jaloux est aussi un Dieu d'amour qui prend en considération, qui tient compte du péché des pères lorsque Il doit Lui-même sévir sur leurs fils. Dieu est également un Père qui, à cause du péché, a envoyé Son Fils, Jésus-Christ, afin que le Monde ne périsse pas mais qu'il ait la vie éternelle. Lorsque Jésus était sur la croix, Il a prononcé ces mots pour ces hommes qui Lui avaient crié leur haine, pour ces Romains qui L'avaient crucifié "Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font !" Luc 23 34 Oui, Dieu hait le péché mais Il aime le pécheur, c'est pourquoi le châtiment qui nous incombait est retombé sur Son Fils Romains 15 3. * Une grande partie du Nouveau Testament a été initialement écrite en hébreu pour être ensuite traduite en grec. Il se peut que seuls l'Evangile de Luc destiné initialement à des non-juifs ainsi que les lettres de l'apôtre Paul, aient été rédigés directement en grec. JiDé
\n\n\n \n dieu punit la faute des pères sur les fils

maisne laisse rien passer, car il punit la faute des pères sur les fils et les petits-fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération. » Aussitôt Moïse s’inclina jusqu’à terre et se prosterna. Il dit : Le Seigneur parlait avec Moïse face à face | 2 2 « S’il est vrai, mon Seigneur, que j’ai trouvé grâce à tes yeux, daigne marcher au milieu de

Skip to content GRÂCE DANS L’ANCIEN TESTAMENT Pour nous évangéliques, croire en la grâce de Dieu est une évidence. Nous vivons de sa grâce… mais éprouvons parfois le sentiment de devoir la mériter. Ce sentiment – universel – ne doit pas être trop vite attribué à Satan l’accusateur, mais doit recevoir une thérapie biblique car il résulte de la rupture Gn 3 et d’une décision de Dieu le renvoi du jardin et, plus tard, le don de la loi. Loi qui révèle Dieu, sa condamnation du péché, et sa grâce pourvoyant à une expiation. Seul celui qui a donné la loi nous fait vivre de la grâce, par notre abandon total à lui. C’est lui qui aide, et non les raccourcis qui opposent artificiellement Dieu dur’ à Dieu bon’. Cet article n’est que le premier d’une série de trois visant à donner une vue d’ensemble de ce qu’est la grâce dans la Bible. Suivent GRÂCE VENUE PAR JÉSUS CHRIST, puis GRÂCE ET LOI. Dieu donne le cadre de compréhension de la grâce. Il le fait par la première mention du mot dans la Bible l’Éternel dit j’effacerai de la surface du sol l’homme que j’ai créé … mais Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel Gn 6 v 7-8. C’est dans l’annonce d’une fin du monde » le déluge que la Bible fait retentir le mot grâce », aux oreilles d’une humanité déchue dont le cœur ne conçoit que des pensées mauvaises v 5. Ce mot grâce » indique où espérer en l’Éternel qui avait déjà révélé combien il est bon, ne serait-ce que par sa création. Dans tout l’AT, le Dieu qui condamne parlera de grâce à des pécheurs, qui n’ont aucune autre voie de salut. D’où, s’ils écoutent Dieu, leurs nombreuses expressions à la fois de reconnaissance et d’humilité. C’est aux yeux de Dieu qu’on trouve grâce. Le mot grâce » apparaît beaucoup dans le texte de l’AT env. 120 x, presque autant que dans le NT env. 140 x. Il apparaît surtout dans les Psaumes et, posant le sens, dans le Pentateuque que Jésus appelle la Loi Lc 24 v 44. Quand les cinq livres de Moïse emploient le mot grâce, c’est presque toujours dans l’expression trouver grâce, quelquefois aux yeux d’un humain mais surtout aux yeux de l’Éternel. C’est vers lui que le mot grâce » oriente les cœurs ! Elle est présentée comme sa faveur, celle qui n’est pas un dû, celle que trop souvent le pécheur ne recherche pas. Ensuite, citant le serviteur anonyme d’Abraham, Moïse ajoute une deuxième expression Éternel, use de grâce envers mon seigneur Abraham Gn 24 v 12. C’est à dire use de grâce » envers un homme qui a trouvé grâce » à tes yeux. Par ces deux expressions Moïse dit l’essentiel la grâce est souverainement accordée par Dieu, et elle lui est demandée par ceux qui la valorisent. Et cela parce qu’elle est la grâce d’une alliance » que Dieu ouvre aux siens Dt 7 v 9 par fidélité 2 Rois 13 v 23. Use de grâce » sera l’emploi très majoritaire du mot grâce » dans les Psaumes c’est à dire dans les chants et prières d’Israël. Bien sûr, dans l’AT fleurissent aussi d’autres expressions comme l’Éternel fait grâce Gn 43 v 29, il est plein de grâce Ps 103 v 8, il donne la grâce et la gloire Ps 84 v 12. L’avant-dernière mention du mot, dit le comment’ de la grâce de Dieu je répandrai sur la maison de David un Esprit de grâce et de supplication et ils tourneront les regards vers moi, celui qu’ils ont transpercé Za 12 v 10. Le comment’ ultime, ce sera la crucifixion du Fils. Merveille sans égale, Dieu est plein de grâce. Oui, sans égale parce que Dieu est lumière 1 Jn 1 et Dieu est amour 1 Jn 4, comme un tout et non comme deux moitiés de sa nature. Dans l’AT le mot grâce » hébreu hén, du verbe hanan porter le regard, se pencher favorablement, d’où beauté est présent dans les noms comme Anne, Jonathan, Nathan, Hanania, etc. Concernant Dieu, le mot exprime à la fois sa faveur éblouissante et sa splendeur de bonté. Si la beauté existe dans sa création, c’est qu’il est lui-même perfection et merveille indicible Dieu est lumière, splendeur et magnificence sont devant sa face Ps 96 v 6. En Dieu, splendeur et faveur sont un, selon le refrain du Psaume 80 fais briller ta face et nous serons sauvés. note est-ce par influence biblique, en français aussi le mot grâce exprime la bonté gratuite et le charme La grâce de Dieu est plus spécifique que ses bienfaits universels. Au commencement Dieu crée l’homme et pourvoit à tout. Après la rupture il ferme l’accès à l’arbre de vie, tout en restant celui qui pourvoit à la vie humaine, malgré les ravages du mal. Les Écritures appellent cela bonté, bienveillance, patience de Dieu. Elle profite à tout homme, croyant ou pas, en plusieurs domaines. D’abord, dans la vie physique les compassions de Dieu s’étendent à toutes ses œuvres Ps 145 v 9 et la lumière est bonne pour les yeux Ecc 11 v 7. Ensuite, elle profite dans le domaine moral si une femme n’oublie pas son nourrisson Es 49 v 15 c’est qu’elle est image du Dieu compatissant. Si les gouvernants peuvent ordonner ce qui est juste Jb 8 v 15, c’est par la sagesse reçue du créateur. Plus encore, elle profite dans le domaine spirituel c’est la pensée de l’éternité inscrite dans les cœurs Ecc 3 v 11. Pour toutes ces raisons, le dernier verset des Psaumes dit que tout ce qui respire doit louer l’Eternel. Concernant ces bienfaits de Dieu envers les humains, on parle de grâce commune ». Pourtant, quand la Bible les désigne, elle n’emploie pas le mot grâce » car elle le réserve à une bonté particulière, celle qui pourvoit à l’expiation des fautes. Le mot grâce apparait dans le cadre de l’élection, de l’alliance, du salut choix de Noé, appel d’Abraham, choix de Moïse, don de la loi et des sacrifices qu’elle prescrit Ps 119 v 29 dit litt. la grâce de ta loi. C’est Dieu qui a initié l’expiation par le sang versé. Dieu dit la vie l’âme de la chair est dans le sang, je vous l’ai donné sur l’autel afin qu’il serve d’expiation pour votre vie, car c’est par la vie que le sang fait l’expiation Lv 17 v 11. Expier c’est effacer une faute en portant la mort qu’elle mérite. La Bible est claire le péché mène à la mort et nul ne peut expier ni son propre péché ni celui d’autrui Ps 49 v 8-9. C’est Dieu qui a donné le moyen d’expiation, le sang une âme innocente meurt pour une âme coupable. À travers tout l’AT, bien que le substitut qui meurt ne soit encore qu’un animal, la gratuité divine brille. Qu’est-ce qui est gratuit ? C’est que Dieu s’occupe lui-même du péché. Il avait dit la sanction tu mourras, maintenant il agit pour sauver le coupable. Il le fait d’abord sans un mot, en faisant à Adam et Eve des vêtements de peau c’est à dire en tuant un animal Gn 3 v 21. Il le fait en se montrant propice à Abel, dont l’offrande est un animal Gn 4 v 4. Il le fait explicitement en sentant une odeur agréable Gn 8 v 21 quand Noé offre des animaux. Il le fait mystérieusement par son alliance avec Abraham, quand sa fournaise passe entre des animaux coupés en deux Gn 15 v 17. Surtout, il le fait quotidiennement en prescrivant à Moïse les sacrifices d’expiation-propitiation voir Annexe qui permettront à Israël de perdurer sous le regard de l’Éternel Exd 29 v 38-39. La gratuité montrée par Dieu dans l’AT anticipe sur celle du NT. Une idée facile, mais caricaturale, est que sous l’ancienne alliance tout se méritait et sous la nouvelle tout est gratuit. En fait, le pardon accordé sous l’ancienne alliance l’était en vertu d’une décision unilatérale de Dieu transférer le péché du coupable sur un animal innocent Lv 1 v 4 et 16 v 21 et pardonner en anticipant la seule vraie expiation, celle que son Fils allait accomplir. Celle que préfiguraient les sacrifices d’animaux. Pour le pécheur du temps de l’AT il y avait une grâce ! Elle ôtait les péchés moins par le sang des taureaux ou des boucs Hb 10 v 1 et 4 que par la décision divine d’anticiper sur le sang de Christ heureux l’homme à qui le péché est pardonné, à qui l’Éternel ne tient pas compte de sa faute Ps 32 v 1. Cette décision était gratuite et unilatérale ce n’est pas Adam, Abel, Noé, Abraham, ou Moïse qui ont demandé à Dieu de pourvoir à l’expiation. De même la plus haute et plus fréquente promesse de l’AT, celle d’un Messie, était unilatérale et gratuite et non quand vous m’obéirez pleinement je l’enverrai. La position humaine est double être perdu loin de Dieu, et être appelé par lui. Le Dieu de grâce, parce qu’il cherche des adorateurs en esprit et en vérité, a toujours mis une condition de volontariat’ liée au sang dans l’AT c’est apporter l’animal à sacrifier, dans le NT ce sera avoir foi au sang de Christ. Le Dieu qui condamne est celui qui fait grâce. Il faut insister là-dessus, parce que c’est ainsi que Dieu a voulu faire comprendre sa grâce. À des pécheurs qu’il condamne, il tend sa grâce. Dès le début, Dieu révèle qu’il fait les deux l’Éternel, l’Éternel, Dieu compatissant et qui fait grâce, lent à la colère et riche en bonté et en vérité litt., qui conserve sa bienveillance jusqu’à mille générations, qui pardonne la faute, le crime, le péché ; mais qui ne tient pas le coupable pour innocent, et qui punit la faute des pères sur les fils et sur les petits-fils jusqu’à la troisième et la quatrième génération Exd 34 v 6-7. Ailleurs il précise la distinction entre ceux qui me haïssent, et ceux qui m’aiment Exd 20 v 5-6, Dt 5 v 9-10. Toute la Bible est sans équivoque si le Dieu de vérité fait grâce ce n’est nullement qu’il tient le coupable pour innocent, c’est qu’il pourvoit lui-même à l’impossible expiation. Dès le début, et jusqu’à la fin, Dieu punit le péché qui n’est pas expié il envoie le déluge, ou les plaies d’Égypte, ou celles sur Israël au désert, il le livre entre les mains des ennemis Jug, il frappe par le bâton Ps 89 v 33 et même par l’épée, par la famine, par la peste Ez 14 v 21. Il le fait en distinguant entre punir pour corriger et punir pour détruire je ne t’exterminerai pas, je te punirai selon le droit, je ne puis pas t’innocenter Jér 30 v 11. L’expression bonté de Dieu » Ps 136 par ex. doit signifier pour nous ce qu’elle a signifié pour les auteurs bibliques un juge gracie par le sang », et non le péché n’est pas si grave que ça ». Jésus aussi distinguera entre Lc 12 v 47 et Lc 19 v 27 Car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité est venue par Jésus Christ. Nous avons tous reçu de sa plénitude et grâce pour grâce Jn 1 v 16, car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité est litt. venue par Jésus Christ v 17. Ce deuxième verset constitue un résumé de toute la révélation de Dieu. Hélas on le lit trop comme si Jean avait écrit loi mais’ grâce, comme si la grâce de Dieu s’opposait à sa loi. En fait, l’expression de Jean grâce pour grâce’ grâce reçue pour la raison que Dieu est compatissant s’appuie sur une parole de Dieu à Moïse je fais grâce à qui je fais grâce Exd 33 v 19. Et l’expression grâce et vérité litt. est aussi de Moïse citant le serviteur d’Abraham qui loue la solide fiabilité de Dieu Gn 24 v 27. Ainsi, Jean enseigne que par la loi le Pentateuque l’Éternel s’est fait connaître Dieu de grâce, puis que cette grâce est venue par Jésus Christ, pour une alliance définitive. Les arrhes de la grâce la loi ont préparé les élus à mieux bénéficier d’une plénitude de la grâce l’Évangile. ANNEXE. Dans la Bible les sacrifices sanglants sont à la foi expiatoires et propitiatoires. Expier c’est effacer une faute en portant la mort qu’elle mérite. Par la juste colère du Dieu qui est grâce, c’est l’âme qui pèche qui mérite la mort, une peine juridique prévue par Dieu le jour où tu en mangeras, tu mourras. Toutefois Dieu, qui veut sauver, donne un moyen d’expiation Lv 17 v 11 le sang. C’est donc le sacrifice d’une vie, c’est la mort d’une âme animale exempte de péché à la place d’une âme souillée. Selon la Bible, cette mort d’un substitut est pénale car elle est le châtiment qui couvre-efface le péché du coupable. L’effacement du péché fait propitiation c’est à dire apaise la colère de Dieu contre l’âme coupable Exd 32 v 11 et 30 et le rend propice à celle-ci. L’expiation qui efface la faute, est aussi une propitiation qui satisfait l’Éternel. C’est l’idée tant répétée par l’expression sacrifice d’une agréable odeur à l’Eternel » Gn 8 v 21, une odeur d’apaisement. Le sacrificateur fera propitiation pour eux et il leur sera pardonné Lv 4 v 20 – – –
G6yuZaX. 265 298 406 260 298 274 460 66 138

dieu punit la faute des pères sur les fils